Tlemcen, la perle du moyen maghreb

Quelques aspects moins connus de la vie du Rabb de Tlemcen.

Rares sont les Tlemcéniens qui ignorent la vie du vénéré Rabb de Tlemcen, même si histoire et légende y donnent souvent libre cours, sans qu'on puisse toujours distinguer l'une de l'autre, les grandes lignes de son existence sont bien connues.

     Ce qu'on connaît moins c'est l'action en profondeur menée par le Rabb Ephraïm Aln'Kaoua pour doter sa communauté de toutes les institutions nécessaires à l'existence d'une Kéhila. Cette activité nous est rapportée par le célèbre rabbin voyageur du XVIII ème siècle Haïm Joseph David Azulaï.

     Synagogues (17), maisons d'étude, écoles rabbiniques, écoles élémentaires, bains rituels, fours rituels (pour les matzots), maisons de retraite, rien ne devait manquer, grâce aux initiatives persévérantes de son Rabb à la communauté ainsi développée. Mais c'est surtout au Beth-Din, au tribunal rabbinique que le Rabb devait réserver l'essentiel de son attention. Essentiel pour l'exercice des actes religieux - mariages, divorces, abattage rituel - le Beth - Din devait rendre des services remarquables à la communauté de Tlemcen. désormais, c'est le Tribunal Rabbinique créé par le Rabb qui devait remplir activement son rôle, tant dans les affaires civiles que pénales, pour Tlemcen et pour toutes les communautés environnantes.

     A la tête de ce tribunal composé de cinq "Dayanim" (juges) devait siéger Rabbi Yéchoua Halévi Kanfonton. Auteur d'un précieux guide pour l'étude du Talmud : "Les voies de la Guemara" (Darke Haguemara) Kanfonton, qui influença un autre grand maître de Safed, le célèbre Joseph Caro, auteur de notre code des trois Choulkhan Aroukh, fut enterré à proximité immédiate de la famille du Rabb ; sa tombe devait être découverte il y a une cinquantaine d'années par le Dayan de Tlemcen R. Joseph Messas.

    Des relations singulières devaient s'instaurer entre le tribunal, l'école du Rabb de Tlemcen et les autres communautés d'Afrique du nord et même de pays plus éloignés. Mais ces relations furent particulièrement étroites avec la communauté d'Alger qui avait pu bénéficier depuis 1392 du guide exceptionnel en la personne de Ribash (Isaac bar Sheshet Barfat, 1326 - 1408) et du Rachbatz (Simon bar Bemah Duran, 1361 - 1444). Ce dernier avait la particularité d'être comme le Rabb de Tlemcen, à la fois rabbin et médecin.

     Jusqu'à la fin du XVIII ème siècle, ses descendants devaient jouer un rôle prédominant comme rabbins et dirigeants de la communauté d'Alger. Parmi eux, le petit-fils de Rachbatz, Zehrah B. Salomon Duran devait épouser la petite-fille du Rabb de Tlemcen, fille de Juda Aln'Kaoua, marquant ainsi un lien indissoluble entre ces deux grandes communautés d'Algérie.

    L'auteur de ces lignes est heureux d'avoir eu le privilège d'exercer son ministère dans ces deux communautés. Mais c'est à Tlemcen qu'il aura eu ses plus grandes joies, celles de poursuivre et de développer au sein de la synagogue de l'école et de la Yechiva qui portent son nom, l'oeuvre qui fut si magnifiquement commencée en cette fin du XIX ème siècle et pouruivie au fil des siècles. Quelle plus belle satisfaction d'avoir pu, sans relâche, enseigner la Torah à des centaines et des centaines d'élèves, dans cette belle ville de Tlemcen baignée par les sources de la Tafna, mais aussi arrosée par les sources inépuisables de la foi, de la tradition et de culture du Judaïsme.     



04/05/2006
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